Ça m'a fait sourire quand j'ai lu ça :
« Certains de nos patients, passés par des comportements de petite délinquance, nous disent rétrospectivement : « Maintenant je me rends compte que c’était pour qu’on s’intéresse à moi. »
Il y a aussi la satisfaction d’être détesté, chez certains narcissiques : susciter de la détestation nourrit leur besoin de reconnaissance de leur existence. Et aussi de leur importance, qu’ils mesurent à l’intensité de l’aversion qu’ils suscitent et au nombre de gens qui les détestent. Nous avons peu souvent l’occasion de discuter en thérapie avec de telles personnes (nous recevons plutôt leur entourage proche, qu’ils font souffrir). Elles sont souvent inaptes à nouer des liens amicaux ou égalitaires, et ne fonctionnent que dans le conflit et la dominance. Elles ont parfaitement perçu que la détestation est un lien et une validation, contrairement à l’indifférence. Le rejet leur importe peu, en ce sens : à condition qu’il s’accompagne d’émotions fortes chez ceux qui rejettent, c’est une reconnaissance, et une victoire à leurs yeux.
D’où leur besoin de provocations régulières : le rejet tranquille, l’indifférence, les affolent et les font douter, comme chez tout le monde. C’est sans doute une personne de ce profil qui a inventé l’expression : « on aime ou on déteste, mais on ne reste pas indifférent. » »
Christophe André, « Imparfaits, libres et heureux – pratiques de l’estime de soi », Odile Jacob, 2006